20 janvier 2011

La drogue happe les jeunes filles

Par Caroline Montpetit, publié dans Le Devoir, 19 janvier 2011

Les adolescentes sont désormais plus nombreuses que les adolescents à consommer des drogues dures. Ce constat pourrait être inquiétant à l'avenir, du fait entre autres que les femmes sont plus vulnérables à la dépendance aux drogues que les hommes et qu'elles s'y accrochent plus rapidement.C'est ce que constatait la chercheuse américaine Wendy Lynch, du Département de psychiatrie de l'Université de Virginie, lors d'une conférence sur les différences entre les hommes et les femmes en matière de santé mentale, organisée par l'hôpital Louis-H. Lafontaine à Montréal la semaine dernière.

La prédominance des adolescentes consommatrices de drogues s'est déclarée au cours des dernières années aux États-Unis. Les hommes sont par ailleurs toujours majoritaires parmi les consommateurs adultes.

«Nous ne savons pas si ces adolescents forment une nouvelle cohorte, qui se maintiendra à l'âge adulte», explique Wendy Lynch.

Les filles moins jugées

La chercheuse observe également une érosion des facteurs socioculturels qui gardaient jusqu'à présent les filles et les femmes plus loin des drogues dures.

«La consommation de drogues était plus stigmatisée chez les filles que chez les garçons. Et c'est en train de changer. Il n'est plus mal vu pour une adolescente de consommer de la drogue ou de perdre le contrôle d'elle-même», dit-elle.

Wendy Lynch signale également que l'Ïstrogène augmenterait l'effet gratifiant des drogues sur les femmes, ce qui les rendrait plus dépendantes. Cette tendance s'observe également dans les activités sans consommation, comme le jeu, par exemple. Aucune étude n'a cependant été menée sur la consommation de drogues durant la ménopause, une période où la quantité d'Ïstrogènes diminue dans le corps féminin.

Selon les données avancées par Mme Lynch, 5,4 % des adolescents américains consommeraient des drogues illicites (excluant le cannabis) contre 6,1 % des adolescentes. Les adolescentes américaines consomment également plus d'alcool que les adolescents (18,3 % contre 17,4 %) et sont plus nombreuses à fumer la cigarette ( 12,5 % contre 12,2 %).

Schizophrénie

Parallèlement, les femmes et les hommes présentent également des symptômes différents de schizophrénie, soutenait pour sa part Mary Seeman, psychiatre de l'Université de Toronto. Les symptômes de schizophrénie chez la femme sont souvent accompagnés de comportement maniaque ou de dépression, tandis qu'ils s'accompagnent d'apathie chez l'homme.

«Cela rend la schizophrénie plus difficile à diagnostiquer chez la femme», explique Mary Seeman. Par ailleurs, dans la population en général, où la plupart des cas de schizophrénie se déclarent au début de l'âge adulte, les hommes deviennent malades en moyenne un ou deux ans plus tôt que les femmes. Par ailleurs, on observe un nouveau sommet de déclaration de la schizophrénie chez les femmes autour de la ménopause, sommet qui n'existe pas chez les hommes.

«Aussi, l'état schizophrène tend à s'amenuiser chez les hommes autour de la cinquantaine, alors qu'à cet âge il a tendance à s'aggraver chez les femmes», dit-elle.

Mary Seeman note par ailleurs qu'à ce jour, les traitements pour la schizophrénie ne diffèrent malheureusement pas chez les hommes et chez les femmes, et ce, même si les effets secondaires se manifestent plus intensément chez les secondes que chez les premiers.

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