Publié dans Le Devoir, 21 décembre 2010
Pour convaincre les garçons de persévérer à l'école, le gouvernement a décidé de leur parler franchement.
Dans un site Web dévoilé hier, le ministère de l'Éducation y va d'arguments «pragmatiques».
D'abord, l'argent: le détenteur d'un diplôme d'études professionnelles (DEP) ou collégiales (DEC) gagne en moyenne 35 % de plus qu'un non-diplômé, soit environ 9000 $ par année. De quoi acheter 782 billets de cinéma ou 134 jeux vidéo, précise le site.
Ensuite, l'amour: «Tu n'y as peut-être jamais pensé, mais les filles, elles, sont à l'école. Donc, si tu veux avoir plus de chances de rencontrer ta future blonde, tu ferais mieux de t'asseoir sur le banc d'école à côté d'elle.»
En fait, la liste des arguments énumérés par le site web est longue: «Qui est fier de dire qu'il n'a pas terminé son secondaire?» Quitter l'école pour un emploi mal payé, «ça ne veut pas dire être libre». Sans oublier: les décrocheurs courent deux fois plus de risques de faire une dépression et d'être au chômage que les diplômés, en plus de vivre moins longtemps!
Au-delà du site web, la campagne se décline en capsules télévisées qui seront présentées à RDS jusqu'au 17 janvier, puis du 28 mars au 28 avril. Le site web est accessible par le biais des adresses jefinis.com ou jelache.com.
Près de 3 enfants sur 10 (28 %) ont vécu avec un seul parent avant de souffler leurs six bougies, tandis que 13 % des enfants ont déjà vécu avec un beau-parent.
Mais c'est une autre statistique qui a étonné la coordonnatrice du Programme d'analyse et de valorisation des données longitudinales de l'ISQ, Hélène Desrosiers. «Il y a au moins 5 % des enfants qui vivent trois transitions entre la naissance et six ans, ce n'est pas négligeable», a-t-elle souligné.
Une vie familiale mouvementée
Toutefois, selon Hélène Desrosiers, il ne faut pas tirer des conclusions hâtives et croire que les petits vivant entourés de leurs deux parents subissent moins de bouleversements pour autant.
Les données montrent qu'au moment où ils fréquentaient la maternelle, environ 25 % des enfants avaient au moins un parent éprouvant des difficultés conjugales importantes. «Dans les familles apparemment intactes, il y a beaucoup de parents qui vivent la détresse conjugale et l'enfant est exposé à cela», a souligné Mme Desrosiers, ajoutant qu'il faut déboulonner le mythe du «long fleuve tranquille» chez ce type de ménage.
«Il ne faut pas stigmatiser plusieurs types de familles puisque dans certains cas, la rupture peut être bénéfique», avertit-elle, avant de préciser qu'il ne faut pas voir les choses en noir et blanc. «C'est complexe, il ne faut pas dire que certains groupes sont désavantagés sans nuances», a insisté la coauteure du fascicule.
Même si un grand nombre de recherches montrent que la coopération entre les ex-conjoints constitue un facteur déterminant de l'adaptation des enfants à la séparation de leurs parents, 12 % des mères affirment que le climat de la relation avec leur ex-conjoint était «mauvais» ou «très mauvais», souligne l'ISQ. Malgré tout, la moitié des mères séparées se disent satisfaites de la participation parentale et financière de leur ex-conjoint.
Parmi les enfants fréquentant l'école maternelle dont les parents étaient séparés, 40 % vivaient avec leur mère tout en visitant leur père régulièrement, alors que 20 % ne le voyaient jamais.
Les données présentées dans le fascicule portent sur un échantillon d'environ 1500 enfants suivis de la naissance à six ans dans le cadre de l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ 1998-2010), dont l'objectif est de comprendre les trajectoires qui, pendant la petite enfance, conduisent au succès ou à l'échec lors du passage dans le système scolaire.