Près du quart des Québécois nés à la fin des années 1990 ont vu leurs parents se séparer ou former un nouveau couple avant de faire leur entrée à l'école primaire, selon une étude de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) dévoilée hier.Si 10 % des enfants nés à la fin des années 1990 ont dû s'adapter à un changement familial lié à l'histoire conjugale de leurs parents, 15 % ont dû, eux, composer avec au moins deux changements familiaux, font remarquer Hélène Desrosiers et Micha Simard dans le fascicule «Diversité et mouvance familiales durant la petite enfance».
Près de 3 enfants sur 10 (28 %) ont vécu avec un seul parent avant de souffler leurs six bougies, tandis que 13 % des enfants ont déjà vécu avec un beau-parent.
Mais c'est une autre statistique qui a étonné la coordonnatrice du Programme d'analyse et de valorisation des données longitudinales de l'ISQ, Hélène Desrosiers. «Il y a au moins 5 % des enfants qui vivent trois transitions entre la naissance et six ans, ce n'est pas négligeable», a-t-elle souligné.
Une vie familiale mouvementée
Toutefois, selon Hélène Desrosiers, il ne faut pas tirer des conclusions hâtives et croire que les petits vivant entourés de leurs deux parents subissent moins de bouleversements pour autant.
Les données montrent qu'au moment où ils fréquentaient la maternelle, environ 25 % des enfants avaient au moins un parent éprouvant des difficultés conjugales importantes. «Dans les familles apparemment intactes, il y a beaucoup de parents qui vivent la détresse conjugale et l'enfant est exposé à cela», a souligné Mme Desrosiers, ajoutant qu'il faut déboulonner le mythe du «long fleuve tranquille» chez ce type de ménage.
«Il ne faut pas stigmatiser plusieurs types de familles puisque dans certains cas, la rupture peut être bénéfique», avertit-elle, avant de préciser qu'il ne faut pas voir les choses en noir et blanc. «C'est complexe, il ne faut pas dire que certains groupes sont désavantagés sans nuances», a insisté la coauteure du fascicule.
Même si un grand nombre de recherches montrent que la coopération entre les ex-conjoints constitue un facteur déterminant de l'adaptation des enfants à la séparation de leurs parents, 12 % des mères affirment que le climat de la relation avec leur ex-conjoint était «mauvais» ou «très mauvais», souligne l'ISQ. Malgré tout, la moitié des mères séparées se disent satisfaites de la participation parentale et financière de leur ex-conjoint.
Parmi les enfants fréquentant l'école maternelle dont les parents étaient séparés, 40 % vivaient avec leur mère tout en visitant leur père régulièrement, alors que 20 % ne le voyaient jamais.
Les données présentées dans le fascicule portent sur un échantillon d'environ 1500 enfants suivis de la naissance à six ans dans le cadre de l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ 1998-2010), dont l'objectif est de comprendre les trajectoires qui, pendant la petite enfance, conduisent au succès ou à l'échec lors du passage dans le système scolaire.
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