19 septembre 2011

«Maman, papa, je veux un cellulaire»


Publié dans Le Soleil, 18 septembre 2011

(Québec) Le cellulaire, un incontournable pour la rentrée? Chez nos voisins du sud, une étude du Pew Internet and American Life Project révèle que les jeunes ont leur téléphone mobile de plus en plus tôt, vers 12 ou 13 ans.

À quel âge devrait-on permettre à un enfant d'avoir un cellulaire? Question épineuse : la sécurité, les coûts, l'autonomie, la maturité et même la santé entrent tous dans une équation que les parents devraient prendre le temps d'étudier attentivement, avertit Jeff Gagnon, spécialiste en éducation pour le Réseau Éducation-Médias.

Vous ne l'attendiez peut-être pas si tôt, cette question : «Papa, maman, est-ce que je peux avoir un cellulaire?» Les téléphones portables sont aujourd'hui bien plus que des objets utilitaires pour les adolescents. Comment savoir si notre enfant est prêt et si on devrait céder à ses pressions?

«C'est difficile de dire si notre enfant est trop jeune ou non pour avoir un cellulaire», argue Jeff Gagnon. «Ça dépend avec quoi on est confortable et quel est notre style de vie», ajoute-t-il.

Pour certains parents, fournir un cellulaire à leur enfant est un moyen de pouvoir le joindre en tout temps. Une forme de sécurité justifiée, particulièrement pour des enfants autonomes qui ont beaucoup d'activités parascolaires en dehors de l'école et qui peuvent ainsi garder le contact aisément avec les parents. Certains jeunes vivent éloignés de leurs amis et peuvent avoir besoin de communiquer avec eux, note aussi Jeff Gagnon.

«C'est une question que les parents doivent se poser sérieusement», pense-t-il. Il suggère de commencer par se procurer un téléphone mobile «familial», à la carte, qui sera prêté de façon utilitaire à l'enfant lors de ses sorties. Une façon de le responsabiliser graduellement, soutient Jeff Gagnon. «Il faut que les parents s'engagent à savoir comment fonctionne l'appareil qu'ils remettent entre les mains de leurs enfants et que, de son côté, l'enfant acquiert une discipline personnelle.»

Les risques de dérapages sont à prendre au sérieux, particulièrement si le téléphone est assorti d'un forfait. Ce mode de facturation permet de payer moins cher la minute (ou le texto) et peut être attirant, puisque les appareils sont offerts à rabais avec des engagements de deux ou trois ans. Or, la situation peut changer rapidement, prévient Jeff Gagnon, alors que l'engagement avec la compagnie, lui, peut coûter cher à briser.

De plus, dans un forfait, dès qu'un utilisateur dépasse les limites allouées, des frais (parfois très salés) sont ajoutés à la facture mensuelle. Gare aux abus de textos et aux appels interminables... Si votre ado a tendance à pianoter frénétiquement sur son clavier, mieux vaut opter pour un téléphone à la carte, où l'appareil cessera tout simplement de fonctionner si le montant porté au compte est épuisé.

Choisir le bon

«Il peut être difficile d'évaluer les besoins des jeunes quand

il s'agit de leur premier cellulaire», convient Myriam Chagnon, conseillère jeunesse chez Option consommateurs. Avant d'aller magasiner, il faut déterminer combien on est prêt à débourser, quel est l'usage prévu du téléphone et quelles sont les fonctions les plus importantes à avoir. Les adolescents communiquent beaucoup par messages textes (SMS), rappelle-t-elle. «Et on n'est pas obligé de dire oui à tous les gadgets.»

Selon Sébastien Corbeil, vendeur chez Rogers, il est plutôt rare que les parents viennent se procurer un cellulaire pour des enfants de 9 à 11 ans. «C'est plus quand les enfants ont 14, 15 ans», a-t-il observé. Il confirme que la tendance est au téléphone intelligent, qui permet d'accéder à Internet, de prendre des photos, d'écouter de la musique et de jouer à des jeux. Un ordinateur de poche, bref. Ces téléphones peuvent cependant être des armes à double tranchant dans le domaine de la cyberintimidation.

Il est possible d'exercer un certain contrôle parental sur les appareils, mais c'est souvent «tout ou rien», selon Sébastien Corbeil. Sur les téléphones intelligents achetés avec des forfaits, il est possible pour les parents de bloquer l'accès Internet via le réseau du fournisseur, mais c'est à peu près tout, alors que le combo téléphone standard et service à la carte est naturellement plus restrictif : pas d'Internet, pas de textos illimités...

Selon Jeff Gagnon, du Réseau Éducation-Médias, certains appareils offrent la possibilité de limiter les appels de la progéniture à certains numéros précis. Le 9-1-1 reste accessible en tout temps, même si la carte d'appel est épuisée, prend-il soin de rappeler.

Enfin, la question de la santé reste aussi nébuleuse. Jeff Gagnon appelle à la prudence. Aucune étude n'a démontré hors de tout doute l'innocuité des ondes cellulaires. Le plus simple est de s'abstenir de procurer un appareil à notre enfant, ou encore lui conseiller de l'utiliser avec une oreillette, ce qui éloigne l'appareil de la tête.

Quelques ressources :

> www.educationtextuelle.ca

> www.mobilite.protegeonsnosenfants.ca

> www.webaverti.ca

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